Rama Yade : le thermomètre cassé du président
Maintenant on le sait : Rama Yade, plus qu’une caution, est la meilleure manière de juger quand le président prend en compte les machins de l’Homme ou quand il les met de côté.
Jugez par vous-mêmes :
- Lybie, match aller : quand Rama Yade avait dû serrer la main d’un Kadhafi visiblement charmé sous l’insistance de Sarkozy, elle n’avait pu réprimer un rictus de dégoût et confiait peu après que « certains gestes donnent envie de se laver les mains »
- Russie : commentant les félicitations empressées de Sarkozy à Poutine aussitôt après son élection triomphale, elle avait grommelé : « ce coup de fil à Poutine n’avait pas besoin d’être chaleureux »
- Chine : où elle n’avait pas été conviée ; épargnant ainsi la sensibilité chinoise qui ne semblait pas apprécier une des récentes saillies de Rama Yade sur la Chine …
- Algérie : elle y avait une humeur massacrante, et n’avait pas goûté au bain de foule offert par Bouteflika à Sarkozy, se contentant de faire sa rabat-joie : « J’en ai marre de ces voyages où tout ce qu’on nous montre est faux. On croit que ces gens-là nous applaudissent, en fait, ils ne veulent que des visas »
- Lybie, match retour : c’est là que le thermomètre a finalement explosé : « le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits ». Pire, elle critique le sens des priorités de son président, en estimant « indécent » que « cette visite se résume à la signature de contrats ou d’un chèque en blanc » pour « une France [qui] n’est pas qu’une balance commerciale ».
Il faut croire que les droits de l’Homme n’ont pas vocation à servir de prétexte pour rafistoler un poste au gouvernement, mais à avoir une fonction de veille indépendante pourvue par l’Etat et offerte à une autorité en la matière qui serait capable de dire son sentiment à chaque manquement.
Sans quoi ce poste sera condamné à se réduire à une machine à prendre la température des embarras occasionnés à chaque fois qu’on fera l’impasse sur ses prérogatives.