Pakistan : Envers et contre tous (sauf les Etats-Unis)
Pervez Musharraf se fait un putsch à lui-même ! Si c’est vrai : il reprend le pouvoir (sur lui-même) en assignant ses opposants à résidence, en s’appropriant tous les pouvoirs grâce au bouton « état d’urgence » (celui à gauche du bouton « bombe H »), en censurant la presse et les télés, en faisant descendre son armée et ses policiers dans la rue, etc.
Cet homme est le dictateur le plus heureux du monde : à chaque fois que sa meilleure ennemie, Benazir Bhutto, veut faire un meeting contre lui, il lui casse son effet en l’empêchant de bouger de chez elle. A chaque fois qu’un juge de la cour suprême va lui contester sa place au pouvoir, il le fait démissionner. A chaque fois qu’on arrive à une échéance électorale - hop ! il esquive en décrétant l’état d’urgence.
Et tous les dictateurs du monde de se demander : mais comment fait-il ?
C’est qu’il a des raisons de ne pas s’en faire pour son trône, le bougre… Il est pote avec les Etats-Unis, qui l’ont d’ailleurs élu à la place de son peuple (des sortes de grands électeurs hihi). Et puis il héberge la pire lie des méchants du monde : Al Qu’aida, dont le chef local taliban a bouffé tous les chefs tribaux du nord du pays pour s’approprier la vallée de l’Indu Kouch. Les ennemis de nos ennemis sont nos amis, dixit la maison blanche.
Lorsqu’on sait que cette dictature a l’arme nucléaire, que la seule alternative probable est aujourd’hui l’autre pantin des Etats-Unis, l’ex-première ministre corrompue Benazir Bhutto, que les européens ont toujours voulu voir comme l’élégante première femme dirigeante d’un pays musulman (faut arrêter de lire Point de Vue), que les talibans ont infiltrés l’armée, que les islamistes jouissent d’une popularité rampante non négligeable (le siège et la chute de la mosquée rouge n’y ont rien fait)…
Bref. Une seule solution : que les Etats-Unis tapent sur les doigts de Musharraf (ça marche assez), et que les européens appellent à la remise en fonction du Conseil constitutionnel et de la reprise de son travail (faut pas oublier que le vrai opposant dans l’affaire, c’est Mr démocratie et non Bhutto et cie ; et que Mr démocratie, c’est le président destitué du Conseil constitutionnel, Iftikhar Chaudhry, un juge respecté).
Or on a l’impression que les européens considèrent le Pakistan comme le pré carré américain, ou bien qu’il ne veulent pas y mettre le pied au risque d’y laisser des orteils… Il n’y a pourtant pas de dictateur susceptible d’être plus réceptif aux sanction internationales (et américaines) dans le monde que Musharraf.